L'INDIVIDUALISATION, PORTE OUVERTE A L'INDIVIDUALISME
Permettez-moi, cher lecteur, d'exposer un point de vue qui n'engage que son auteur. Contribution à un débat de fond qui traverse déjà notre association et qui se poursuivra dans ses instances officielles (Conseil d'Administration), dans les réunions, de manière informelle (par exemple, autour d'un café au "Coin du Tro C oeur"), ou dans ce blog, par le jeu des commentaires.
Depuis toujours, l'Homme, par nature, a tendance à se centrer sur son propre intérêt. Mais il a vite compris que pour se nourrir, se défendre, construire, réfléchir, ..., il vallait mieux être plusieurs.
Plus récemment, et après le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale,
la Société Française s'est (re)construite autour de nombre de principes collectifs, supports de solidarités : le système de protection sociale, les rémunérations égales à qualification égale, l'avancement automatique, ..., découlent de ces principes.
Puis vint tout un aréopage d'intellectuels, d'économistes, de politiques, d'essence "néo-libérale", promouvant l'individualisme, le mérite individuel, l'égoïsme finalement. Les élections de Reagan, aux Etats-Unis, et de Thatcher, en Grande-Bretagne, à la fin des années soixante-dix, entérinèrent ce tournant idéologique, que le monde tout entier a pris, finalement. Croyez-vous qu'il en soit pour autant plus harmonieux et plus heureux ?
Même si la récente crise mondiale a remis, un peu, un tout petit peu, sur le devant de la scène les Etats, les Pouvoirs Publics, expression - en principe - du collectif et de l'intérêt général, la Société reste fortement imprégnée, et sans doute pour longtemps encore, du "chacun pour soi" et du "à chacun selon son mérite".
Pourtant, on sait ce que peut produire de négatif ce postulat du mérite : rétention d'informations, promotion des petits égoïsmes, rivalités, climat de concurrence, jalousies, ... . Tant la notion de mérite contient une part de subjectivité.
Je pourrais développer, à partir d'exemples précis, ramassés à la pelle dans mes parcours professionnel et de vie, les méfaits, les effets néfastes voire pervers, de tout processus visant à accorder des avantages matériels à certains et pas à d'autres. Il faut combattre sans relâche ces tendances, pour lutter contre les décompositions sociale et sociétale déjà engagées et probablement à venir.
Reste la question de la reconnaissance des efforts consentis et des résultats obtenus. Mais pourquoi donc penser que la plupart des gens ne se contentent-ils pas de la chercher en eux, en se satisfaisant de ce qu'ils font, de ce qu'ils donnent ? Et de ce qu'ils retirent des retours relationnels (regards, sourires, paroles, ...) dispensés par les Autres comme autant de "récompenses" ?
Sauf à considérer que les avantages matériels sont bien plus importants que les relations aux Autres ...